Photo du groupe pendant la visite autour du ralentisseur fleuri

Leviers d’actions d’une petite commune pour une meilleure gestion de l’eau

350 habitants

Au nord de Briouze, à la jonction entre le Bocage Ornais et la Suisse Normande

Au travers des années, Sainte-Honorine-la-Guillaume a racheté les murs des différents commerces et a su rester attractive, permettant aujourd’hui de conserver son école, une auberge restaurant, une supérette et un garage.

Malgré son petit nombre d’habitants, la commune foisonne de projets : panneaux solaires sur l’école et la mairie, chaufferie bois, mise en valeur d’une motte féodale, plantation d’arbres fruitiers…

Cette visite s’est focalisée sur les leviers à la portée d’une petite commune pour mieux gérer la ressource en eau.

🌿 Remplacement des fleurs par des vivaces

Le concept

Pour réduire les besoins en eau, la commune a remplacé les fleurs annuelles par des plantes vivaces n’ayant pas besoin d’être arrosées.

Les plantes ont été installées en 2022 dans les rétrécisseurs de chaussée (écluse).
Elles n’ont nécessité que quelques arrosages pour ancrer les racines, mais depuis
elles n’ont plus été arrosées. Au printemps elles fleurissent. A la fin de l’été, elles
semblent sèches mais reprennent dès l’année suivante.

Le substrat est composé de terre déposée dans les rétrécisseurs et au pied du
monument aux morts, recouvert d’une bâche tissée lestée avec une couche de
gravier. Ainsi le goudron n’a pas eu besoin d’être retiré.

Le fonctionnement

Les plants ont été sélectionnés par un pépiniériste local pour leur résistance à la sécheresse et leur capacité à se développer sans entretien.

On trouve ainsi : Hélianthème (feuillage gris, fleurs roses), Camassia (fleurs bleues ou blanches), Véronique rampante persistante Kenty pink, Euphorbe characias.

Tous ces plants ont été achetés entre 3€ et 5€, à raison d’une dizaine par rétrécisseur. Ils sont mis en terre dans un substrat terreux maintenu en place par des éléments en plastiques vissés sur la chaussée et une bache tissée recouverte de graviers. Chaque année, les plans colonisent un peu plus le substrat.

🌾 Phyto-épuration des eaux usées

Le concept

Les eaux usées de la commune sont récoltées dans une grande cuve et envoyées avec une pompe de relevage dans une cuve tampon située sur les hauteurs de la station.

Sans pré-traitement, les eaux brutes sont dégrillées (passage au travers d’une grille pour retirer les gros déchets) et déversées sur les filtres verticaux plantés de roseaux. Le traitement à l’air libre (en aérobie) génère très peu d’odeurs comparé à un système avec pré-traitement (fosse, décanteur…) où l’effluent fermente.

L’eau de la cuve tampon est envoyée dans les filtres par vague afin de submerger la totalité de la surface et de bien répartir les eaux, garantissant une infiltration homogène au travers du filtre.

Pour éviter que les matières qui forment un dépôt à la surface des filtres ne colmatent le système, une rotation est effectuée et toutes les deux semaines, une vanne est activée manuellement et l’eau envoyée vers un autre des trois filtres verticaux.

Le fonctionnement

La station de traitement, construite en 2003, a été calibrée pour 100 habitations (70 raccordées aujourd’hui).

L’employé communal travaille environ 2 heures par semaine dans la station.

Les roseaux sont fauchés en mars et repoussent chaque année. Le curage des boues a été réalisé il y a 12 ans (idéalement tous les 10 ans).

Après un curage, réalisé par une mini-pelle pendant une journée, aucun besoin de replanter les roseaux, car ils repartent depuis les fragments de racines.

Lors de l’analyse de l’eau par la SATESE (un service du CD61), les roseaux coupés sont aussi analysés pour savoir s’ils peuvent être compostés sur place ou s’ils doivent être épandus sur les champs avec le fumier.

👧 Le jardin pédagogique

Suite aux demandes récurrentes des enseignantes, un jardin pédagogique a été mis en place en 2023 à destination des enfants de la Maternelle au CM2 (62 élèves).

Afin de réduire les besoins en eau potable, deux bacs de récupération d’eau de pluie ont été installés (2x 300L).

La création et l’animation du jardin ont été réalisées par des volontaires en service civique recrutés par InSite. Cette association propose aux petites communes d’accueillir gratuitement des volontaires pour les aider à mettre en place et à animer des projets portés par la mairie et par les associations locales.

La gestion de l’école étant une compétence intercommunale, la transmission a été travaillée pour que le jardin ne soit pas abandonné après le départ des services civiques.

Les coûts d’installation ont été infimes, car de nombreux plants ont été offerts par les parents d’élèves et le matériel récupéré ou construit sur place avec les enfants.

En moyenne, une animation est organisée toutes les deux semaines avec les enfants.